Aujourd’hui, je souhaite m’arrêter avec vous
sur ce thème du retour au travail après une longue absence (ceci quel que soit
le motif de cette absence).
Nous sommes sur un sujet relativement
complexe qui est synonyme de retour à l’emploi mais représente aussi souffrances,
ruptures et incompréhensions.
Deux axes : tout d’abord pour la
personne : comment revenir et reprendre son poste ceci alors que « je
ne suis plus la même personne » ? Et pour l’entreprise : comment
accueillir notre salarié ? Comment lui parler ? Doit-on aborder le
sujet ? …
Nous sommes donc sur un véritable sujet de
société car les choses ne sont pas si simples, ni d’un côté ni de l’autre.
Si ces
personnes sont « aptes » (comme dirait le médecin du travail »,
c’est qu’il y a guérison. Oui, sûrement … mais non ! Ces femmes et ces hommes,
appréhendent, au fond d’eux, ce retour au travail. Pourtant, « ils sont
guéris ! ».
Arrêtons-nous
sur différents points :
· Tout d’abord, la personne qui
reprend son activité professionnelle doit, de son côté, accepter l’angoisse
liée au travail.
Après une longue période
d’inactivité, reprendre son emploi peut être source d’anxiété.
Nous ne sommes pas
sur un simple retour de congés et durant ces longues semaines, voire mois d’absence,
l’entreprise peut avoir évolué, certains salariés changés, de nouvelles
technologies mises en place, … La personne qui reprend doit donc accepter d’être angoissée et
comprendre que cela fait partie du processus. Mais bien souvent
l’angoisse peut devenir trop envahissante et génère des prolongations d’arrêts.
· Il va falloir s’écouter !
Avant de retourner au travail,
il est nécessaire de se faire accompagner pour parvenir à faire un point sur sa
propre situation et ceci en toute lucidité :
- Mes habitudes
de travail vont-elles pouvoir perdurer en l’état ?
- Ma charge
de travail ?
- Comment vais-je parler de mon absence sans m’effondrer ou être agressif ?
Il faut donc réaliser un travail préalable, s’écouter
pour se mettre des protections et s’autoriser des permissions.
Mais, s’écouter, tout le monde ne sait pas faire et
les rechutes sont nombreuses.
· Ne pas se cacher dans une carapace et « allait bien » alors que
cela n’est pas vrai
Fréquemment, on rencontre des
personnes qui reprennent après une longue absence et qui veulent à tout prix « faire
comme », ne veulent pas que l’on remarque qu’elles ne vont toujours pas
bien et adoptent le « paraître » en arborant des sourires et en sur adaptant.
Cette fameuse « carapace »
pèse lourd et amène à la rechute.
· Savoir qu’il ne faut pas décupler d’énergie pour se prouver quelque chose
ou prouver à l’entreprise que l’on est « comme avant ».
Lorsque l’on revient après une
longue absence, par définition, « on n’est plus comme avant ». Il
faut l’accepter et l’entreprise doit également en être consciente.
· La personne a besoin et envie de passer à autre chose après une épreuve
mais tout en ayant cette particularité en elle. Elle doit prendre consciente qu’elle
revient « différente », avec des valeurs et/ou des priorités
différentes. Bien souvent, elle ne veut pas reprendre son activité
professionnelle « au détriment de … » et va se fixer des limites, des
interdits ou, très mal vivre la situation.
Accompagner une personne suite à une longue absence consiste,
pour moi, à établir avec elle une relation d’aide pour :
- l’aider à devenir autonome et à faire des choix quant à son retour en entreprise.
- l’aider à prendre conscience de son parcours et de mettre en relation cette absence avec l’acquisition d’une richesse supplémentaire en terme de connaissance de soi.
- lui permettre de travailler sur son estime de soi
- lui apprendre à transformer ses fragilités en forces tant pour elle-même que pour autrui.
Mais aussi avec l’entreprise :
- Travailler avec l’équipe pour voir comment l’équipe va accueillir la personne à son retour.
- Faire réfléchir l’entreprise à la mise en place d’un cadre qui permettra de bien réintégrer la personne dans son poste ou sur une autre fonction.
La question de fond de cet article est donc
bel et bien la mise en place pour l’entreprise et le salarié de l’acceptation
de la fragilité.